Ce petit lexique basco-béarnais des principaux noms communs définissant des zones humides peut nous renseigner sur la présence passée ou contemporaine de ces dernières sur le département des Pyrénées-atantiques. En effet, on peut trouver bon nombre de ces noms sur les cartes topographiques et les plans cadastraux.
Zones humides en plaines alluviales
Arribe (béarnais) : rive / arribère : plaine fluviale
Barte (Barta), (gascon) ou Barthe (de la racine basque bar : « vallée ») : bas fond humide et inondable auprès d’une rivière / barthettes : petites barthes
Commentaires :
Les barthes ou bartes sont composées d’une grande diversité de milieux humides : bois, prairies, marais, tourbières, … abritant de nombreuses espèces rares et protégées.
Les Barthes situées de part et d’autre du fleuve Adour et de ses affluents désignent des vastes plaines marécageuses riches en alluvions. On distingue généralement les barthes basses au pied des coteaux, comportant les zones les plus humides entretenues par la fauche et le pâturage, des barthes hautes, sises entre les barthes basse et le cours d’eau, formées par des terrasses alluviales surélevées (jusqu’à 7 mètres) cultivées, pâturées et traditionnellement habitées. Les barthes basses abritent notamment de très nombreuses espèces d’oiseaux sédentaires, migratrices ou hivernantes.
Les barthes sont soumises aux crues et inondations et de l’aval vers l’amont des cours d’eau sont également sous l’influence plus ou moins marquées des marées. Elles sont parcourues aujourd’hui encore par de nombreux canaux qui receptionnent les eaux de pluie, de ruissellement et d’inondations et les déversent dans l’Adour au niveau des « portes à flot » (énormes clapets anti-retour). Grâce à se système, les barthes se vident à marée basse et s’engorgent de l’eau du fleuve à marée haute.
Au sein des barthes de l’Adour dans le sud des Landes, on nomme parfois les tourbières d’origine fluviale : Moura (Moura de Passeben, Grand Moura Montrol et Moura de Bignau). Ces tourbières sont généralement exploitées pour la production de tourbe horticole.
Bazter, erreka-baster, erribera, ertz, hegi, herbehere, ibaiertz, ur-bazter, urertz (basque) : rive, rivage, bord, berge
Grave (Grava), (béarnais) : grève, zone humide alluviale en bordure de rivière / lagrave : la grève.
Commentaires : terme employé pour décrire des zones marécageuses et tourbeuses en fond de vallon dans les coteaux béarnais («Graves du Larus», Ogenne-Camptort et Lucq-de-Béarn).
Saligue (Saliga), (béarnais de la racine latine : Salix) : saule
Commentaires : Les Saligues correspondent à des forêts alluviales inondables et marécageuses en bordure de cours d’eau. Elle abritents de nombreuses essences dont plusieurs saules, l’aulne glutineux, le frêne élevé, le peuplier noir mais aussi le chêne pédonculé et parfois des ormes, érables et tilleuls dans les secteurs les moins innondables. Au sein de ces saligues, on trouve généralement d’autres types de zones humides telles que les prairies humides, les mégaphorbiaies, les roselières … mais aussi des formations végétales originales composées d’orpins (ou sedum) localisés sur les sols les plus secs. Comme les barthes, ces milieux abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et protégées.
Zones marécageuses, tourbeuses et mares
Auga (béarnais) : marais / augaroû (béarnais) : petit marais
Grabe (béarnais) : boue, marais / grabès (grabé) : marécage / las grabas : les marécages / grabettes : les petits marécages
Gabarn (béarnais) : aucune définition trouvée
Commentaires : il semblerait que ce terme corresponde à des zones d’anciennes ou actuelles landes et tourbières situées dans la plaine d’Ogeu. Ce terme est peut-être un dérivé de «gabar» qui définit un «terrain couvert de hallier» ou «gabarre» qui désigne l’ajonc d’europe. Dans le même secteur, le terme «espoun» semble correspondre à des tourbières hautes et paraît dériver de «espounye» : «éponge».
Gatzaga (basque) : marais salant, saline
Grave (Grava), béarnais : grève, zone humide alluviale en bordure de rivière / lagrave : la grève.
Commentaires : terme employé pour décrire des zones marécageuses et tourbeuses en fond de vallon dans les coteaux béarnais («Graves du Larus», Ogenne-Camptort).
Ihiztoka (basque) : joncheraie
Commentaires : terme utilisé en Cize pour désigner les milieux tourbeux et marécageux
Istil, potxingo, urmael (basque) : mare, boue, bourbier
Palu, maresc (béarnais) : marais
Aintzira, basadi bazatza, istinga, istingadi, lokazti, lupetza, padura, zingira (basque) : marais, marécage, bourbier
Cours d’eau
Arrèc (béarnais) : petit ruisseau, ru
Arriu (béarnais), ariou : ruisseau, petite rivière / arrioutort : ruisseau sinueux / arriussé ou arriousec : ruisseau asséché
Arric (béarnais), arricq : ruisseau tortueux
Arroulhe (béarnais) : fossé, rigole
Aygue (Aiga) (béarnais) : eau / ayguerède : eau froide, / ayguelade : étendue d’eau stagnante / ayguenègre : eau noire ou exurgence / ayguetortes : eau tortueuse / aygueloungue : cours d’eau au débit lent
Erreka, last(a), xirripa (basque) : ruisseau / errakasto, xirripa : ruisselet
Gave (gàbe, gaba) (béarnais) : torrent, cours d’eau, rivières
Ibai (basque) : fleuve, rivière / ibai-aho : embouchure
Uhaitz, erreka (basque) : rivière, torrent
Ur (basque) : eau (courante) / ur-handi : eau profonde / txorrotako ur, kanilako ur, iturriko ur : eau courante / ur-jauzi : eau jallissante, cascade, chute d’eau …
Lacs, étangs et lagunes
Aintzira, urmael, ur-geldi, zingira (basque) : lac, étang, lagune
Gaube (béarnais) : étang, lac
Héou, Ilhéou, Iou, Eou (béarnais) : lacs de montagnes
Sources
Houn, Hount, Hounda, Honta (béarnais) : fontaine dans le sens de source / houndas : les fontaines / houndarète : fontaine froide
Iturri, iturburu, iturbegi, urbegi (basque) : source
Oélh (béarnais) : source (oeil)
Sourde (Sorda) (béarnais) : source jaillissante
Références bibliographiques
- Bernard MOREUX & Jean-Pierre PUYAU, 2005. Dictionnaire Béarnais-Français 12000 mots, Princi Negue, Editour, Institut Béarnais et Gascon
- Elixabete ETXEBERRIA (Zuzendaritza eta koordinazioa), 2007. dictionnaire ELHUYAR hiztegia, euskara-frantsesa / français-basque, ELHUYAR ediszioak
Commentaires : Thierry LAPORTE, CEN Nouvelle-Aquitaine